Les rallyes-raid se suivent et ne se ressemblent pas. Il faut être fin connaisseur pour comprendre les subtilités des règlements de chaque épreuve et ainsi décrypter les résultats au jour par jour et deviner les stratégies des pilotes.
Au Merzouga Rally, qui n’est pas une étape FIM, le règlement du prologue était cette année différent à la fois de celui du championnat du monde mais aussi de celui du Dakar. Les 15 premiers du prologue avaient en effet le choix de leur position de 1 à 15 pour la première étape, là où tantôt la place du prologue est celle sur la grille du lendemain, tantôt le premier part 15e et ainsi de suite… Pas facile, on vous le disait.
A ce petit jeux, Joan Barreda, l’officiel Honda, retiré du Dakar sur blessure, soigné depuis, s’en est sorti comme un prince. 16e du prologue, il est donc parti juste derrière ceux qui ont dû choisir leurs places au gré des desiderata de leurs prédécesseur. Au dire des spécialistes, il était impossible de viser aussi juste, la chance a souri à Bang Bang Barreda qui a ainsi profité des traces des 15 premiers pour leur fondre dessus et s’emparer du provisoire avec près de 8 mn… moins une pénalité pour excès de vitesse qui lui coûté 5 mn, et on parlait dans le paddock d’une seconde d’une minute. Pas simple le rallye-raid, le jury ne se décidant souvent que tard dans la nuit…
Une chose est sûre, l’espagnol a retrouvé toute sa superbe et contrairement à l’an passé où Honda avait souhaité l’écarter des confrontations avec les autres tops, cette saison, il va s’aligner face à KTM et Yamaha durant toute l’année. Un « deal » entre constructeurs a en effet été passé cet hiver. KTM-HVA, Honda et Yamaha font programme commun en 2018 (dont boycott de la première épreuve FIM où un nouveau réglement « une case de road-book = un way point » entrait en scène sans acceptationpréalable des teams ) pour peser sur le « game » du rallye-raid dont l’harmonisation des règlements et des standards devient nécessaire selon les écuries officielles, les premières lassées de la complexité de leurs sport.
Bref, revenons-en à nos moutons marocains… Bang Bang a cartonné sur la première étape en boucles du Merzouga et l’autre fait d’armes est à mettre à l’actif de Franco Caimi. L’argentin, officiel Yamaha depuis l’an passé, seul pilote officiel des bleus engagé ici en l’absence de Xavier de Soultrait, pas encore prêt, et d’Adrien van Beveren, dont la clavicule à recassé il y a deux semaines à Loon lors de sa reprise (voir l’ITV vidéo de José Leloir sur le Facebook Enduro Mag) a fait mieux que tenir la baraque. Franco ne serait qu’à deux ou trois minutes de Barreda une fois le classement officiel tombé, réalisant la seconde perf de cette première étape, lui qui était parti en mid pack des quinze premiers après avoir échoué dans le chrono du prologue en se perdant quelques instants. De quoi lui donner confiance alors que toute la structure Yamaha s’est déplacée pour lui.
Demain, une boucle 70% sable dans l’erg de Merzouga devrait rebattre les cartes. Benavides (Honda), Price (KTM) et Quintanilla (HVA) sont bel et bien eux aussi en forme. Barreda, l’homme pressé, attend son heure, il l’a fait écrire sur son casque !
Par Rodo, Merzouga.