Alors que le groupe autrichien fait toujours face à une crise financière, le patron d’Elite Moto, plus gros revendeur KTM en France s’exprime sur l’impact de cette situation.
Les soucis financiers de KTM vous ont-ils impacté ?
« Pas le moins du monde ! Tout fonctionne normalement. J’ai reçu les motos que j’avais commandées avant la fin de l’année car on sait que les usines vont fermer pour les fêtes de fin d’année, comme d’habitude, mais sinon, le service des pièces détachées et celui des garanties sont également parfaitement opérationnels. »
Comment expliquez-vous cette surprenante nouvelle ?
« Ils se sont emballés, tout simplement. Ils ont produit trop de motos, les ont vendu trop cher et n’ont anticipé ni la baisse du marché, ni la rébellion de la concurrence, japonaise notamment, qui a su garder ses tarifs au niveau où ils étaient il y a 3 ou 4 ans. Tous ces facteurs cumulés, dans une période de tassement des ventes internationales puisque c’est la même chose en Europe, en Australie ou aux Etats-Unis, ont causé la situation que l’on vit actuellement.«
Leur erreur est donc stratégique ?
« Totalement ! Ils ont suivi une politique expansionniste bien trop ambitieuse. A un moment, ça coince. Il faut donner de nouvelles choses pour que cette politique fonctionne et s’il est vrai que les motos ont progressé, cela ne justifie pas l’inflation qu’il faut aujourd’hui supporter. Stark Varg apporte une réelle nouveauté pour moi, mais pas les dernières générations de KTM, GASGAS et Husky qui sont pourtant réussies. Je les avais prévenus qu’ils allaient beaucoup trop loin, je leur ai même envoyé des mails, mais personne ne m’a entendu…«
Vous pourrez tout de même commander les machines que vous souhaitez ?
« A partir du moment où on les paye, oui ! Car elle est là, la réalité aujourd’hui : on paye les machines avant de les avoir réceptionnées en magasin, soit 8 à 10 jours avant. Nous sommes les banquiers de KTM. Maintenant, on va être assez prudents car il nous reste encore des motos des millésimes précédents en stock. Il va falloir les vendre pour repartir sur des niveaux de commandes corrects.«
Etes-vous inquiet pour l’avenir du groupe KTM ?
« Pas le moins du monde ! Pierer est actionnaire à hauteur de 51 % et Bajaj, 49 %. Il suffit que ce dernier, ou un autre actionnaire, mette des fonds pour que le souci soit résolu. Le groupe est aujourd’hui trop gros, il y a trop d’inertie pour qu’il fasse faillite, surtout qu’il emploie énormément de personnes. Il faut voir le verre d’eau à moitié plein dans cette histoire.«
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