jeudi, janvier 16, 2025
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ITW Raphaël Crambes, boss de KTM France : « KTM a encore des atouts solides pour s’en sortir. »

KTM
Patron de la filiale française de Pierer Mobility, Raphaël Crambes a tenu à communiquer sur la situation de la marque KTM AG au lendemain d’une audience du tribunal du commerce de Mattighofen sur son avenir.

KTM a sorti vendredi dernier une vidéo sportivo-économique assez dynamique et engageante pour expliquer qu’elle allait se battre pour sa survie. Cela semble bien refléter l’état d’esprit du moment ?
 » Effectivement, c’est une vidéo, axée l’implication de la marque dans la compétition, qui parle à tous ceux qui, comme nous, traversent des défis. Elle illustre bien notre situation actuelle : nous faisons face à des difficultés, mais nous restons mobilisés et déterminés à avancer. Ce message de résilience est crucial, notamment dans le contexte de la récente audience au tribunal de commerce de Mattighofen, en Autriche, qui était un moment clé pour notre avenir. Elle s’est tenue vendredi dernier, trois semaines après le mise en procédure, comme le prévoyait le calendrier, et a statué sur la suite des évènements. C’était pour faire le point et on peut dire qu’il est positif. »

Justement, sur les réseaux sociaux, des informations circulent concernant des accords avec les créanciers. Pouvez-vous clarifier la situation ?
 » Bien sûr. Pour expliquer clairement, trois entreprises du groupe Pierer Mobility qui en compte soixante dix, ont été placées, le 29 novembre, en procédure de restructuration sous administration autonome ; KTM AG (moto, vélos, voitures de sport), KTM Components (fabrication de composants) et KTM F&E (recherche et développement). Cette procédure, comparable à la sauvegarde en France, vise à protéger les entreprises de leurs créances le temps de leur restructuration. Pour être éligibles, le tribunal et l’administrateur doivent juger les entreprises viables sur le long terme, même si elles nécessitent une réorganisation. Lors de l’audience du 20 décembre, le tribunal a validé le maintien de ces entreprises sous administration autonome. C’était une première étape qui signifie que nous conservons la gestion quotidienne de ces entités, qu’il a confiance en le savoir-faire de la direction, tout en poursuivant la restructuration. »

Une très bonne nouvelle ?
« Absolument. Ce maintien repose sur une analyse approfondie de la viabilité de l’entreprise et sur un plan de restructuration élaboré avec l’appui d’un cabinet renommé, le Boston Consulting Group. Des investisseurs existants et nouveaux se sont également montrés prêts à soutenir financièrement nos entreprises. Le tribunal a également pris en compte le fait que les créanciers ne sont pas opposés à l’autogestion de la situation par la direction. C’est très important. Cela signifie que le climat n’est pas mauvais entre le tribunal, l’administrateur, les créanciers et la direction. Tout le monde veut aller dans le même sens pour sortir l’entreprise de cette mauvaise passe, en opérant, c’est à signaler, le moins de casse sociale, de licenciements.  »

KTM

On s’éloigne donc de la liquidation ?
 » Exactement. Contrairement à ce qui a pu être dit, les entreprises ne sont pas en liquidation. Elles rencontrent des problèmes de trésorerie, certes, mais elles se restructurent pour un avenir plus stable. »

Quelles étaient les autres options du tribunal ?
 » Le tribunal avait trois choix : poursuivre la procédure actuelle, mettre les entreprises sous tutelle complète ou, dans le pire des cas, les déclarer non viables. Heureusement, le tribunal a décidé de maintenir la restructuration tout en nous laissant gérer les opérations au quotidien. »

Et qu’en est-il de la filiale française ?
 » La filiale française, KTM Sport Motorcycle France, n’est pas concernée par cette procédure. Elle continue à fonctionner normalement, et nous soutenons nos distributeurs ainsi que nos clients. Les livraisons de pièces et de motos se poursuivent sans interruption. »

Une autre question que beaucoup se posent : l’engagement sportif sera-t-il impacté ?
 » Le sport fait partie intégrante de notre ADN. Aucune décision n’a été prise pour arrêter nos activités sportives, même si des réflexions sont en cours. »

On entend aussi parler de retards de salaires à l’usine autrichienne. Que pouvez-vous en dire ?
 » Ces retards concernent uniquement les trois entreprises sous procédure. Lors de l’audience, il a été confirmé que les salaires seraient régularisés rapidement. »

Cette situation est quand même surprenante car chaque année, KTM communique sur des bénéfices réguliers ?
 » La situation est complexe mais on sait que l’état de santé d’une entreprise ne se résume pas à ses bénéfices annuels. La situation est liée à des problèmes d’endettement. Comme beaucoup de grosses entreprises, nous avons dû recourir à des prêts pour financer notre développement. Mais plusieurs facteurs se sont accumulés récemment. D’abord, nous avons perdu en compétitivité ces trois dernières années, principalement à cause des coûts élevés de production en Europe, comme l’augmentation des prix de l’électricité et des bas salaires de la main d’oeuvre autrichienne. Nous avons de ce fait dû augmenter nos prix de vente, ce qui a affecté nos performances, nos ventes. Ensuite, nos investissements récents n’ont pas tous été aussi rentables que prévu, ce qui a également pesé sur notre trésorerie. Enfin, il y a eu un ralentissement global de la consommation dans les secteurs des loisirs, sur le globe, ce qui a affecté nos ventes. »

Ces difficultés touchent d’autres entreprises en Europe ?
« Absolument. Nous ne sommes pas seuls dans cette situation. L’industrie européenne, en général, fait face à de gros défis de compétitivité. Le secteur automobile en est un bon exemple, avec des annonces de suppressions d’emplois chez des géants comme Volkswagen. On parle de 30 000 postes supprimés et l’on sait bien que notre industrie risque d’être dans le même cas…  »

Comment KTM compte-t-elle se relever ?
 » Nous avons la chance d’avoir des partenaires solides, comme Bajaj, l’un des plus grands constructeurs mondiaux de deux-roues, dans le top 5, et CFMoto, un partenaire historique. Et nous travaillons également sur une recapitalisation avec de nouveaux investisseurs qui ont levé la main. C’est positif. Cela montre que KTM a encore de solides atouts pour l’avenir. Les choses avancent dans le bon sens et on fait en sorte que cela n’ait pas d’impact pour les clients finaux.  »

Vos nouveautés, présentées lors du Salon de Milan en novembre, seront-elles impactées par la situation ?
 » Forcément, la production est un peu ralentie, mais nous avons de bonnes nouvelles. Les modèles 125 et 390, Enduro et Supermotard, ainsi que la 390 Adventure présentées à l’EICMA seront livrés comme prévu avant la fin du premier trimestre 2025. Nous faisons tout pour limiter les retards sur les autres modèles. »

Propos recueillis par Vincent Boudet, mis en ligne Rich’.

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