Photos : Patou et Mastorgne
Mariage avec une Italienne
Pour casser avec la tradition qui veut que nos essais se déroulent généralement dans le cadre de comparatifs, donc sur une ou deux journées, nous avons récupéré une Beta 350 RR Racing 2023, pour passer un peu de temps avec. Déjà dans le cadre d’une épreuve du championnat de France d’enduro et ensuite lors d’une randonnée de deux jours d’une bonne centaine de kilomètres passée sous une pluie battante. Notre mission : savoir s’il faut l’épousailler !
Un essai né d’un retour lecteur
C’est un des courriers qui nous a le plus marqué. Il y a un an, un lecteur nous écrivait, une chose rare, pour exprimer son mécontentement quant à l’organisation de nos essais. Trop rapides, succincts, brefs, superficiels, ils ne prenaient pas en compte une foule de paramètres, tels que le vieillissement des machines et pas mal d’aspects pratiques… Pour lui, se contenter du comportement dynamique des motos ne suffisait pas, ce que nous reconnaissions totalement, lui expliquant, à notre décharge, que la disponibilité des motos était des plus limitées. Les importateurs ne nous les confient qu’une à deux journées, ce que l’on peut comprendre.
Mais la missive de notre lecteur n’était pas lettre morte. Depuis sa réception, nous n’avons eu qu’une idée en tête : offrir à ce monsieur un essai qui le satisfasse pleinement.
Voilà pourquoi, lorsque notre pote Romain Barberger, collaborateur épisodique, nous a proposé de récupérer via son concessionnaire GP Motors à Condom une Beta 350 RR Racing 2023 pour disputer une épreuve du championnat de France et s’infuser une grosse sortie près de chez lui en Aveyron, nous avons signé des deux mains ! L’occasion ne pouvait être plus indiquée pour aller au fond des choses et tester, « pour de vrai », une machine.
Première étape : finale du championnat de France à Réquista
Un cadre idéal
C’est la finale du France à Réquista en Aveyron qui fait office du premier volet de l’essai de la Beta 350 RR. Un cadre idéal, le parcours prévoyant trois spéciales plus une belle liaison dans les pistes de la Vallée du Giffou et du Tarn. Soit une heure de chrono par jour et un peu plus de 6 heures de chemin. De quoi pousser la machine dans ses ultimes retranchements, même si avant cela, Romain a tenu à la roder et à peaufiner quelques détails (cf. les bidouilles de Romain) lors de quatre sorties préparatoires par chez lui. Soit une bonne dizaine d’heures de roulage supplémentaires.

Premiers enseignements
Il en ressort quelques enseignements, dont il nous fait part sans aucun parti pris :
« Comme sur l’ensemble de la gamme, tout tombe bien sous la main sur cette Beta. La position de conduite est parfaite… »
- Guidon juste un poil large et bas à son goût
- Selle fidèle à sa réputation de bout de bois, mais légère amélioration sur ce millésime
- Commandes agréables, maître-cylindre de frein avant Nissin d’ancienne génération
- Sabot moteur plastique souple mais parfaitement protecteur
- Protège-mains réglables sur trois positions
- Pochette pour carton de pointage, compteur simple et lisible
- Trappe d’accès rapide au filtre à air, bouton presseur pour démonter la selle
- Équipement Racing : moyeux et tés taillés masse, double courbe, repose-pieds larges, couronne bi-métal, tendeur de chaîne, suspensions KYB
Réquista, juge de paix absolu
En liaison
La première chose qui frappe est la disponibilité du bloc italien : la force moteur, servie par une bonne démultiplication, permet de rester en troisième dans les portions lentes très techniques. Avec une lichette d’embrayage hydraulique, le mono reprend de suite, sans violence et malgré sa cylindrée copieuse, il est assez reposant. C’est un petit tracteur, mais sans cette inertie moteur qui pousse un peu au freinage. Son frein moteur reste limité. Injection parfaite : aucun trou, aucune pétarade, même en coupant les gaz sèchement.
En spéciale
Montées en régime linéaires et bien rondes, permettant de passer efficacement la puissance au sol.
Allonge correcte, comportement moteur efficace mais pas démoniaque. Puissance maîtrisable, appréciable sur une journée complète.
Partie-cycle
Progrès notables grâce aux suspensions KYB : comportement plus progressif que les ZF, qui réagissent parfois trop rapidement. Sur la version Racing, l’enfoncement de la fourche et de l’amortisseur est plus freiné, apportant de la sécurité sur pistes abîmées ou caillouteuses. On vous conseille d’effectuer les réglages compression/détente, surtout pour un pilote de 80 kg. Malgré son gabarit imposant, la Beta 350 RR Racing 2023 reste vive grâce à son angle de chasse fermé, tout en restant saine grâce à un cadre rigide.
Entretien : points forts et limites
« Mention spéciale au couvercle du boîtier de filtre à air et au bouton poussoir pour démonter la selle… »
- Attaches bien pensées, entretien simplifié
- Vidange moteur : vis accessibles, mais démontage du sabot compliqué
- Deux circuits hydrauliques : bouchon aimanté pour la boîte, crépine démontable et lavable pour le moteur
- Suintement d’huile au couvre-culasse (problème esthétique uniquement)
- Radiateurs : aucun ajout d’eau nécessaire, bouchon plastique intact
- Commandos : vieillots mais fiables
Une rando pluvieuse pour confirmation
Chose promise, chose due : malgré une météo très humide, la randonnée de deux jours en Aveyron a permis d’ajouter de nouvelles observations. Au démarrage, trouver le point mort, ne pas mettre de gaz, appuyer deux fois sur le bouton (réinitialisation calculateur puis démarrage). Le point mort est difficile à trouver moteur chaud. Le moteur fait preuve d’une souplesse remarquable, aucune surchauffe, autonomie de 110 à 120 km avec réserve automatique de 2,3 L.

Les remarques d’Yves Demarque (GT Motors)
- Machine parmi les plus vendues de la gamme
- Rapport qualité/prix intéressant
- Fiabilité sans tare connue
- Remplacer les pignons de pompe à huile plastique par des modèles acier
- Deux circuits de lubrification séparés : huile propre plus longtemps
- Possibilité d’ajouter un kit kick ou un condensateur

Les bidouilles de Romain
- Guidon d’origine coupé de 5 mm de chaque côté, pontets réhaussés de 5 mm
- Silencieux HGS
- Sélecteur relevé
- Réglages suspensions RS Pro
- Renforts de radiateurs Beta
- Disque arrière plein
- Durit de frein avant sécurisée
Fiche technique – Beta 350 RR Racing 2023 | |
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Moteur | |
Cylindrée | 349,1 cm³ |
Alésage x course | 88 x 57,4 mm |
Alimentation | Injection électronique Elldor, Syneject Ø 42 mm |
Boîte | 6 rapports |
Démarrage | Électrique |
Partie-cycle | |
Cadre | Simple berceau dédoublé en acier |
Fourche | KYB Ø 48 mm, débattement 295 mm |
Amortisseur | KYB, débattement 290,5 mm |
Freins à disque | 260 mm (avant) / 240 mm (arrière) |
Mesures | |
Empattement | 1490 mm |
Garde au sol | 320 mm |
Réservoir | 9 L |
Poids constructeur | 107,5 kg |