Deux fois vice-champion de France Junior ces deux dernières années derrière Killian Lunier, Antoine Alix fait le grand saut chez les Elites cette saison avec des raisons d’être ambitieux. Bien intégré dans le team Dafy, le jeune pilote normand issu du MX compte bien se faire un nom parmi les grands et, pourquoi pas, aller taquiner du Mondial. Rencontre !
Après trois petite saison d’enduro seulement, dont une largement grignotée par cette pandémie dont vous avez peut-être vaguement entendu parler, un certain Antoine Alix s’apprête à faire le grand saut du Junior vers l’Elite. Avec des ambitions légitimes, compte tenu de ce qu’il a déjà réussi à faire jusqu’ici. Huitième du championnat Espoir 125 en 2019, puis deux fois vice-champion Espoirs J1 derrière Killian Lunier, le jeune s’est plus que rapidement installé comme le pilote qui monte dans la hiérarchie de l’enduro hexagonal, à défaut d’avoir eu beaucoup de chances de montrer sa vitesse sur la scène mondiale. De quoi avoir légitimement envie de s’intéresser à son parcours. « J’ai 20 ans. J’ai commencé la moto vers 7 ans et les courses vers 9 ans, directement en 65 cm3. Je n’ai jamais fait de 50 en fait. J’ai débuté les courses par le championnat de Normandie, près de chez moi. Je ne suis pas loin d’Evreux, dans l’Eure. Ensuite j’ai poursuivi par le Minivert. Cinquième la première année et 2ème la seconde. J’ai aussi terminé 8ème de du championnat d’Europe 65m. Après, en 85cm, j’ai fait beaucoup de sable et ensuite je suis passé au 125. Le problème, c’est que je me suis beaucoup blessé en MX, notamment à l’épaule que je me suis déboîté neuf fois ! J’ai roulé aussi en junior, une seule saison que j’ai finie dans les 10, et j’ai été champion de France des Sables. Je suis passé en 250 4T, mais je n’ai pas fait de course.»
Découvert par Dudu
A ce moment-là, le jeune crossman va rouler régulièrement chez Romain Dumontier, le voisin de Haute-Normandie, lui-même ex-top pilote en MX et enduro: « Je m’occupais à cette époque-là de la détection enduro pour les régions du nord de la France pour la FFM. Je le connaissais parce qu’on se côtoyait un peu. On avait des amis en commun, et je le voyais souvent rouler dans le Sud-Ouest quand il préparait le sable, en 85 puis en 125, sans savoir qu’on était presque voisins. Il se blessait souvent en cross et n’arrivait pas forcément à finir ses saisons. De fil en aiguille, il est venu rouler chez moi et un jour, on a discuté d’enduro et je lui ai dit de venir essayer à la maison. Son père m’en parlait un peu, déjà. Et dès le stage de détection, il devait avoir 16 ans, il m’a impressionné. On aurait dit qu’il avait déjà passé des troncs toute sa jeunesse! Avec sa Katé de cross, il était à l’aise, vif sur la moto. Il n’a pas fait la transition tout de suite, mais on roulait souvent ensemble parce qu’il s’est rapproché de Bruno Losito, avec qui cela fait vingt ans que je vais à l’entraînement. Je lui servais de lièvre.»
Antoine Alix insiste encore un peu en MX, mais sans concrétiser pour trouver les moyens nécessaires à son épanouissement. Jusqu’à ce que Dudu finisse par le convaincre. « Je suis allé faire un stage d’enduro chez lui et ça m’a carrément plu, c’était cool. De là, il m’a mis en relation avec PMC (Pierre-Marie Castella, l’entraîneur du collectif espoir FFM) qui m’a contacté et je suis allé rouler avec le pôle espoir. Ça s’est bien passé et il a parlé de moi à la Sherco Academy. Ils m’ont appelé pour savoir si je voulais aller faire les sélections. Je suis donc allé à Cahors et j’ai été pris. »
Antoine Alix chez la Sherco Academy
Contrairement à certains crossmen peu enclins à aller se salir une journée entière dans les campagnes françaises, Antoine voit plutôt cette histoire d’enduro d’un bon œil. « Je m’intéressais à l’enduro quand j’étais plus jeune, on en avait parlé avec mon père. J’étais chaud pour en faire. J’avais envie de changer du MX de toute façon, j’en faisais depuis tout petit. En plus, ici, il n’y a pas de terrain pour s’entraîner, c’est compliqué. » De fait, voici le jeune Alix sur une Sherco 125, engagé en Espoirs sur le championnat de France et même sur le Mondial. Après une première en enduro pour la Coupe de France, c’est d’ailleurs le GP d’Allemagne qui l’attend pour seulement son deuxième enduro. Chaud. Si la marche est un peu haute pour ce premier GP, le double A montre son potentiel juste après, avec une quatrième place pour son premier France du côté de Saint-Palais. La suite de la saison est ponctuée de haut et de bas, mais Alix en montre suffisamment pour se faire repérer par Fred Di Giambatista, aka DG, qui cherche du monde pour son Team Dafy Enduro en 2020. « Je cherchais un jeune pour compléter l’équipe quand j’ai repris le flambeau chez Dafy. Je sortais d’une année où je n’étais pas présent sur les enduros pour des raisons familiales, et c’est Jérémy Miroir, qui nous a rejoints à l’époque, qui m’a parlé de lui puisqu’ils étaient ensemble à la Sherco Academy. Je lui ai proposé de venir passer une journée avec moi en Auvergne pour le voir rouler et il n’a pas du tout rechigné à descendre de sa Normandie. J’avais une 350 Husqvarna chez moi et il a roulé un plein sur un terrain à côté pour voir ses aptitudes sur la moto. A partir de là, ça s’est fait très rapidement parce qu’il y avait du bagage, tout simplement. »
Antoine Alix relève le Dafy
Voici donc notre gars enrôlé avec son mentor Jérémy Miroir dans le team Dafy, une structure solide une nouvelle fois, propice à l’éclosion des talents. D’autant qu’Antoine Alix présente des qualités qui sautent aux yeux. « Ce jeune, il représente tout ce que j’aime dans le sport: la niaque, l’envie, le bagage technique qui vient du MX… » Hélas, s’ils ‘adapte très rapidement à la Husky comme à la discipline, il n’aura qu’assez peu l’occasion de le montrer, un virus venant de Chine (à ce qui se dit…) perturbant quelque peu les calendriers. « En 2020, pas grand-chose à dire… Il n’y a pas eu beaucoup de courses. Je n’ai fait que la manche du Mondial en France, à Réquista. Première journée, je termine 4 en Junior et la deuxième, j’étais en tête jusqu’à la dernière spéciale et je me bloque dans une côte… » Pas si mal, avec, on insiste, si peu d’expérience. Une inexpérience pas si préjudiciable dans les spéciales de l’EGP défoncées comme des étudiants en Lettres à un concert de Tryo, mais qui s’avère plus gênante quand elles sont moins tracées, comme sur les premiers jours en France ou sur les Classiques.
« C’est clairement là qu’il doit progresser, les premiers jours et l’herbe » insiste son N+1 Fred DG. Un constat d’ailleurs partagé par le jeune, qui en a bien conscience. « Jérémy Miroir m’a beaucoup aidé dans le pilotage dans l’herbe, on a beaucoup travaillé ensemble. Quand on vient du MX, c’est dur de se mettre au pilotage sur le vierge. Ce n’est pas la même! En plus, moi qui ai fait beaucoup de sable, c’est presque l’opposé! Il faut être coulé, ce qui est tout l’inverse de moi. Je suis plutôt du genre généreux, agressif. Les lignes, dès que c’est calé, ça va. L’herbe, ce n’est pas évident. C’est là que Killian était plus fort. En fonction des spéciales, on discutait et on se disait: celle- là, elle est pour toi. Les premiers tours, aussi, quand c’est moins tracé. J’ai laissé pas mal de secondes là-dedans. » Vainqueur de la rescapée Aveyronnaise Classic en 2020 en catégorie Junior et 9e scratch, “A2” n’a pas eu l’occasion de s’améliorer en 2021. Blessé dès la Supertest de l’EnduroGP du Portugal, il devra ainsi faire l’impasse sur la Rand’Auvergne comme sur le Trèfle Lozérien. Coup dur.
Agacé à Gacé
Une déchirure musculaire qui va lui coûter cher puisqu’elle va également l’empêcher d’arriver prêt et frais à la deuxième épreuve du championnat de France à Gacé, pourtant presque à domicile. « Il a été bloqué six semaines à cause de ça, du coup, il est arrivé à Gacé avec un déficit de roulage et de physique. C’est là qu’il perd le championnat, très clairement, en roulant sur une jambe. Il fait deux fois 2e derrière Killian Lunier, alors qu’à chaque fois, c’était un coup à toi un coup à moi sur les autres courses » explique Fred DG. Après avoir une nouvelle fois montré de belles choses au GP de France en fin de saison, c’est bien du côté du Mondial que lorgnait notre homme, mais sans succès.
« On a tardé à se confirmer notre association cette saison parce qu’il cherchait ailleurs pour pouvoir faire du Mondial, ce que je ne peux pas lui proposer. Ça a été fait en toute franchise de sa part, sans dissimulation. De mon côté, j’ai aussi cherché un remplaçant, mais on n’a trouvé ni l’un ni l’autre, donc on repart cette année ensemble. L’association se passe plutôt pas mal. Ceci dit, je sais qu’à terme, notre association est vouée à s’arrêter. Avec son profil, il a vocation à aller en EnduroGP, c’est clair, même s’il n’est pas prêt physiquement pour ça pour l’instant. Je le lui souhaite. C’est vraiment un bon gars. En plus, il est “démerde”. Même s’il est parachuté dans un pays étranger où il ne connaît pas la langue, par exemple, il saura toujours se débrouiller. Sans même parler de l’aspect moto, il s’en sortira toujours dans la vie. » Antoine Alix apprécie visiblement aussi la compagnie de son team manager : « On s’entend super bien avec Fred, ça va faire notre troisième saison ensemble quand même On loge chez lui, on mange ensemble. Et pour rouler, c’est le top! » Ce fameux amour de l’Auvergne, un phénomène propre aux enduristes !»
BTP
En attendant, notre garçon ne reste pas à glander. Déjà, il s’entraîne. « Je suis un coup en Auvergne chez Fred, un coup ici chez moi, je fais périodes. On fait deux semaines ensemble avec la team, où je roule avec Till, Jérem’. Je vais aussi chez Dudu. J’ai quelques spéciales autour de chez moi, mais pas des masses mais ça va, j’arrive à avoir de quoi m’entraîner. Je roule aussi pas mal en MX avec les Aubin, avec Bruno Losito et ses pilotes. Je vais à Loon aussi. Je fais pas mal d’heures de route. Quand je vois les kilomètres du camion, je pleure! Et quand je ne roule pas, je suis auto-entrepreneur dans le BTP, je bosse entre deux. Ça me laisse le temps de m’entraîner, de m’organiser. S’il faut que je parte, je pars, mais j’ai quand même un travail à côté. Terrassement, aménagement, voirie, tout ça, quoi. Moi, à titre personnel, je n’ai pas d’engins, mais mon père et mon oncle en ont. C’est une histoire de famille. Mais passer pro à 100 %, c’est le but, même si je suis conscient que plus ça va, plus c’est compliqué. C’est pour ça que je travaille à côté. »
Antoine Alix direction l’élite
2022 sera donc l’année de son passage en Elite, avec également au programme le cross-country et les Classiques. Antoine et Fred ne se sont pas simplifiés la tâche en s’engageant dans la catégorie E2, celle du champion en titre Hugo Blanjoue et de la nouvelle recrue de choc chez Sherco, Zachary Pichon, ou du revenant Théo Espinasse. « Dans le meilleur des mondes, on aimerait qu’il s’immisce dans ce trio-là qu’on nommera les favoris. A minima. Il nous a montré des belles choses à l’entraînement, mais l’entraînement et la course, ce sont deux choses différentes, je ne t’apprends rien. Il faut faire des journées solides pour monter sur le podium en Elite. On verra. Ce qui me plaît dans cette catégorie, on l’a vu l’an dernier, c’est qu’un pilote est capable de s’imposer et de ne pas faire top 5 une autre fois. Ça redistribue les cartes. » Le jeune se pose moins de questions, il profite à fond de sa nouvelle monture. Une KTM 350 EXC-F puisque le groupe KTM a décidé de faire passer les Dafy Men du blanc à l’orange. « J’adore la trois et demi, je me régale. J’aime la puissance, elle me convient mieux que la deux et demi. En plus, j’ai toujours roulé KTM quasiment, donc rien ne me choque. La seule différence, c’est que sans biellettes, la moto est un peu plus rigide. C’est surtout différent dans les placements en virage. De toute façon, j’arrive vite à me faire à la moto. Je ne suis pas trop difficile, même si en testing, je sais ce qui va ou qui ne me va pas. On travaille avec Goby Racing qui me fait une base sur laquelle je me sens bien, et après je reste avec, je ne change pas toutes les cinq minutes. Pas de cerveau, pas de migraine! » Une bien belle façon de conclure !
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